Public :
Chargés de mission, chargés d'études voire les chefs de service en charge de la planification territoriale en administration centrale et dans les services déconcentrés : DDT(M), DREAL, CETE)
Description :
Poursuivant une tendance initiée aux Etats-Unis dans les années 1980 dans la pratique des politiques publiques, le ministère français chargé de l'environnement conduit depuis une dizaine d'années une réflexion sur la monétarisation des biens naturels. Le titre d'une publication récente issue de cette démarche en résume l'ambition: "Donner une valeur à l'environnement: la monétarisation, un exercice délicat mais nécessaire" (Commissariat Général au Développement Durable, 2009). Ce titre vaut agenda et injonction scientifique. Reposant sur l'humeur ambiante qui veut que "sans prix les biens naturels sont condamnés à disparaître", il pose en effet comme objectif de recherche de donner une valeur (entendue comme une valeur économique, c'est à dire un prix) à l'environnement et ce faisant pose la question des méthodes pour y parvenir. Le document sus-cité précise ainsi que "si l’intuition fait sentir toute l’importance à accorder à un paysage ou à une zone riche en biodiversité, approcher la valeur « objective » de ce bien nécessite la mise au point de démarches rigoureuses, reproductibles et multi-acteurs, reposant sur la connaissance la plus complète possible du bien ou service évalué." (Commissariat Général au Développement Durable, 2009, 9).
Après avoir rappelé les différentes méthodes proposant d'approcher cette "valeur objective", nous nous intéresserons plus particulièrement à la plus ambitieuse d'entre elles, la méthode d'évaluation contingente, qui consiste à évaluer la valeur des biens naturels à partir d'enquêtes. Nous verrons qu'elle repose sur des hypothèses fragiles qui conduisent à douter de la fiabilité de ces enquêtes et de la nature des informations qu'elles permettent de recueillir. Revenir sur ces hypothèses et s'interroger sur le sens de ces mesures permet d'envisager l'avenir de ces méthodes et de s'interroger plus généralement sur l'ambition consistant à vouloir donner un prix à la nature.